“Deux mondes se font face, d'un côté la nature où saute le cheval blanc, symbole de liberté, de l'autre les différentes puissances qui fondent la structure du monde”
Garance Cappatti on the work of Gamarra
A travers la pratique de l’art, il exprime ses émotions.
Gamarra, artiste plasticien et graveur de renommée internationale, habite et travaille depuis 1963 à Arcueil, France.
Gamarra est né le 12 février 1934 dans le quartier Ferrocarril de la ville de Tacuarembó, Uruguay. Sa petite enfance se déroule dans cette ville au nord-est du pays. Fils de José Gamarra, militaire de profession, et de Renée Macedonio, femme au foyer, il est le deuxième fils d’une fratrie qui compte trois garçons : Adan, José Artigas et Roberto. Gamarra se souvient que lorsqu’il avait cinq ans, son père rentrait à la maison à cheval accompagné de son assistant. Son père est le chef d’un détachement à Tranqueras dans le département de Rivera, Uruguay et reste souvent loin de la famille pour son travail. Pendant son absence, les enfants aident la mère aux travaux ménagers. Ils vont à la coopérative de la caserne pour faire les courses de la semaine et c’est son frère ainé, Adan, qui supervise les courses. De cinq à sept ans, Gamarra fréquente l’école publique de sa ville natale. La famille vit près du ruisseau Sandú à Tacuarembó. Lorsque la grand-mère vient de Montevideo pour leur rendre visite, elle va laver les vêtements au ruisseau et ramène un gros poisson de rivière, la « vieja del agua ».
Dès son plus jeune âge, Gamarra est attiré par l’art. Avec son père, il assiste à toutes les manifestations culturelles qui se tiennent dans la caserne de la ville de Tacuarembó. Il se souvient avoir assisté à un spectacle qui l’a passionné et surpris : voir avec quelles extrêmes rapidité et dextérité l’artiste invité dessinait des animaux et des paysages sur un tableau noir. A 7 ans, ses parents l’envoient vivre chez sa grand-mère maternelle, María Francisca Macedonio, qui habite au croisement des rues Instrucciones et Camino Mendoza à Montevideo. Il fréquente l’école primaire « de Maye » qui est entourée de vignes.
1945 – Flores – Huile sur carton – 26 x 34.5 cm
Quelque temps après Gamarra commence une nouvelle expérience, il change d’école et fréquente l’école n° 129, école pilote où le matin sont enseignées les matières classiques (mathématiques, espagnol…) et l’après-midi les matières artistiques : musique, peinture, travaux manuels. Les professeurs María Mercedes Antelo et Bell Clavelli prennent en compte la sensibilité de l’enfant et le stimule pour explorer et comprendre les matériaux, les couleurs et tout ce qui contribue à éveiller l’intérêt du spectateur.
A travers la pratique de l’art, il exprime ses émotions. Ses premiers dessins et portraits, qui datent de 1945, témoignent de son sens de l’observation. C’est donc dès ses 11 ans qu’il montre un intérêt pour les arts plastiques. La curiosité l’amène à sortir de chez lui à la tombée de la nuit pour observer le ciel puis peindre la lune. Très jeune il assiste à des concerts, va voir des ballets, regarde, découvre puis dessine les mouvements et les expressions des danseurs. Toutes les activités culturelles sont explorées par l’enfant Gamarra. Au SODRE, salle de spectacles de Montevideo, Uruguay, il assiste à des concerts dès ses 13 ans : celui du pianiste Witold Malcuzynski, en juin 1947 ou du jeune prodige italien Pierino Gamba qui dirige l’orchestre du SODRE presque au même âge que Gamarra. Ces expériences enrichissent sa sensibilité et sa créativité.
Sa première exposition se fait au Subte municipal de Montevideo avec d’autres écoles en 1945, puis à l’Athénée de Montevideo, en 1947.
En 1953, il réalise des œuvres qui représentent des signes, des symboles précolombiens. Ce nouveau langage pictural ouvre une nouvelle période.
Le gouvernement français lui octroie une bourse qui l’emmène à Paris.
Il étudie la peinture et la gravure à l'Ecole des Beaux-Arts de Montevideo.
En 1959, il obtient la bourse Itamarati du ministère des Affaires étrangères du Brésil pour étudier la gravure avec Johnny Friedlander au Musée d’Art Moderne de Rio de Janeiro et à l’Institut des Beaux-Arts de Praia Vermelha, avec Iberé Camargo. En 1961, il s’installe à Sao Paulo pour deux ans comme professeur de peinture à l’Ecole d’Art de la Fondation Penteado. En 1962, il participe à la IIIème Biennale des Jeunes Peintres de Montevideo et à la IIIème Biennale des jeunes de Paris. Il obtient le « Prix de peinture », le gouvernement français lui octroie une bourse. En 1963, il arrive à Paris et décide de s’installer en France. Il débute alors ses peintures à l’huile, des paysages de la jungle amazonienne.
Il expose sur tous les continents avec des œuvres dans les musées les plus prestigieux.
Gamarra a réalisé plus d'une soixantaine d'expositions personnelles et a participé à de nombreuses expositions collectives sur tous les continents, une carrière bien remplie et parsemée de triomphes.
Ses œuvres font partie des collections des musées les plus prestigieux. Il est l’un des rares artistes uruguayens à avoir ses œuvres au “Metropolitan Museum, New York, au MoMA, Museum of Modern Art, New York, au Musée d’Art Moderne de Paris, au Museum of Modern Art à Buenos Aires, etc.
Pendant la période des militaires au pouvoir, Gamarra ne retournera pas en Uruguay mais en 1985, au rétablissement de la démocratie, il y revient après 14 ans d’absence et il continuera d’y retourner régulièrement.
L'artiste, dans son travail dénonce toutes les formes d'oppression, des conquérants espagnols aux multinationales.
La critique d’art Garance Cappatti parle ainsi du travail de Gamarra : « Le travail de Gamarra nous fait réfléchir sur la notion d’identité. Les symboles et les mythes sont en perpétuelle mutation. Deux mondes se font face, d’un côté la nature où saute le cheval blanc, symbole de liberté, de l’autre les différentes puissances qui fondent la structure du monde : argent, profit, possession et pouvoir politique, synonymes de menaces et agressions. La peinture de Gamarra est un hymne à la liberté ».
Heber Perdigon