Texte de Elisabeth Burgos

José Gamarra place son histoire au début ; quand le continent était jungle et que l’univers urbain n’avait pas encore éclaté. Gamarra place sa narration dans la dimension énorme et esthétique de la jungle ; une figure qui depuis la Découverte de l’Amérique est devenue dans l’imaginaire occidental le trait identitaire du continent : c’est le paysage américain par excellence. Il exalte sa majesté obsédante et mystérieuse, et le met en contraste avec la modernité qui apparaît sous forme d’artefacts industriels (hélicoptères, télévision) reflétant la voie tragique de l’arrivée de la modernité sur le continent. Les personnages des factions européennes, dans lesquelles on reconnaît des personnages historiques qui arrivent brusquement dans l’immensité inquiétante avec leur petitesse, déplacés, comme sont vus les intrus quand ils font irruption là où ils ne sont pas voulus. Présence inexplicable dans ces lieux qui traduit la tension qui habite l’Amérique latine entre archaïsme et modernité et la manière tragique et violente dont elle est arrivée dans ces lieux.

Le récit de l’histoire de Gamarra porte une lecture implicite qui met en évidence les effets causés par l’irruption européenne en Amérique et se déroulent dans la jungle qui, malgré la violence des agressions de l’étranger, semble imperturbable et observe plutôt avec une attitude narquoise les intrus. Une lecture qui suppose une posture politique sans pour autant que cette vision s’impose à la valeur esthétique de son œuvre car, avant tout, ce qui prime chez Gamarra, c’est la tendresse malicieuse de son regard et sa capacité ludique.

Elisabeth Burgos, 2014

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