Texte de Lourival Gomes Machado

Gamarra n’est pas perdu parce qu’il est jeune et cela ne le transforme pas non plus. S’il a su maîtriser très tôt les secrets de la technique, on peut attribuer à l’audace naturelle de l’âge une profondeur qui n’est pas commune. Et il peut s’aventurer sur des chemins généralement jugés comme réservés à une maturité plus expérimentée.

Voilà sa peinture. Figurative sans aucun doute, il refuse néanmoins le narratif et le descriptif. Ou plutôt il raconte ou décrit ce qui, au moment de la figuration, en est créé. C’est ainsi que ces signes nous parlent, ajoutés à une rencontre impossible qui aurait enchantée Lautréamont et capable d’une simulation précieuse de cette forme sèche et éloquente, laissée par les cultures que nous aimons dominer – pour notre sécurité, ébranlée par la certitude de leur complète disparition – comme « primitives ».

L’illogique, quoique convaincante transformation nécessaire de ce récit de l’inexistant, finit par conjurer tout le mythe, toute la magie exagérée, dans un mystère sans précédent et actuel. C’est, sans aucun doute, un mystère né de l’ambiguïté, comme nous communiquent ces formes qui sont des feuilles, qui sont des tables, qui sont des insectes, qui sont des machines, n’étant vraiment rien de tout cela. Comme elles sont d’aujourd’hui, en même temps, elles nous permettent d’atteindre le goût amer de la culture indienne perdue pour tout et toujours dans cette marge atlantique de l’Amérique où elle se ressent, inéluctablement, comme une lagune angoissée et agissante. Toutefois, comme l’inconnu n’est pas copié ni l’absence reproduite, tout cet effort pour reconstituer un symbolisme indéchiffrable finit par construire une « autre » vérité. Ce qui est une redécouverte de nous-mêmes.

La redécouverte de l’homme par l’homme, en opposition à toutes les conventions, en dessous de l’épiderme artificiel des intégrations, au-delà des mauvaises règles de la vie quotidienne, comme elle se fait au plus profond de lui-même, dans la violence des pulsions primaires, mais aussi dans l’enchantement des rêves primitifs les plus compliqués… qu’est-ce que c’est, sinon le plus grand miracle de l’art ? Telle est la vocation bien accomplie, la profession bien respectée, l’existence bien vécue du jeune Gamarra.

Lourival Gomes Machado, Juillet 1961, São Paulo, Brésil.

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